Secrets de photographe animalier
Dos brun-roux, ventre blanc et une longue queue touffue en panache, strictement forestier et arboricole, l’écureuil roux est le plus gros des rongeurs pour ce type de milieu. Il est le seul écureuil autochtone présent en France. En hiver, ses oreilles portent un pinceau de poils bien visible et caractéristique. Malgré son statut "d’espèce protégée" depuis plus d’une trentaine d’années, ses densités demeurent faibles, excepter dans les habitats les plus favorables et dans certains parcs urbains.
A dix mètres de mon habitation: une rangée d'une douzaine de noyers ; à leur pied, une haie de noisetiers d'où s'élancent de grands peupliers. Chaque année, à la même époque, commence un va et vient incessant et d'étranges bruits de rongement se font entendre. Ils sont là ; cette année c'est décidé : je vais tenter de les photographier ; il est temps de préparer la prise de vue. Il faut commencer par les observer ; bonne surprise, cette année il y en a un de plus ; c'est donc trois écureuils qui font la navette entre leur cachette et les noyers pour transporter ces fruits tant convoités, les noix.
C'est parti pour une période d'observation ; il suffit de me mettre sur mon balcon, sans faire de mouvement, et regarder à travers les différentes fenêtres de la maison. Les observations : une le matin, une fin d'après midi et quelques unes au cours de la journée m'ont suffi pour voir qu'ils utilisent sensiblement les mêmes branches pour se déplacer et au fond du jardin, ils ont deux sauts importants à effectuer entre trois arbres. Quelques tests pour voir leurs réactions, monopode 120/400 mm monté sur le boitier, tenue discrète mais non camouflée, d'abord sur le balcon puis dans le jardin et enfin au pied des noyers. Résultats : sur les trois écureuils, un est plus craintif que les deux autres, il est un peu plus petit que ses congénères, il doit être plus jeune.
Quant aux deux autres, ils sont un peu moins craintifs, mais restent très attentifs à leur environnement. Il va falloir "la jouer fine" ; au moindre doute c'est l'alerte, des petits cris répétitifs, ils bougent très vite, ils montent et descendent le long du tronc, s'arrêtent, observent, mais l'appel des noix est le plus fort ; ils y vont tout en changeant leur trajet et passant un peu plus loin.
Après cette observation, je décide de placer un affût au fond du jardin, que je laisserai jour et nuit le temps de la prise de vue pour que les écureuils s'habituent à sa présence. Je le positionne de manière à les photographier au moment de leurs sauts ; je vais le placer de façon à pouvoir les prendre sur les deux sauts : un des sauts sera de côté et l'autre sera légérement de face. Le gros inconvénient va être le soleil ; il sera de face ; il va falloir regarder les heures les plus favorables aux séances ; ce sera les moments où il passera derrière les arbres. Les séances de prises de vues se feront le matin, jusqu'à midi, en début d'après-midi et au coucher du soleil.
Je monte donc ma tente affût, je la recouvre d'un filet pour un peu casser les formes, à l'intérieur, j'installe mon trépied et un tabouret pour être installé du mieux possible.
Et c'est parti pour de longues séances et un nombre élevé de photos seront déclanchées pour très peu de photos correctes. Mais il y a aussi de longues minutes d'attente sans rien voir, c'est le lot des photographes animaliers.
Ce sont de petits rongeurs malins, rapides et très agiles, il faut donc travailler avec des vitesses très élevées pour avoir des photos le plus net possible. Ce qui n'est pas facile du tout ! Je vais avoir beaucoup de photos ratées, très frustrant ! Mais il faut persévérer.
Je vais aussi utiliser un autre affût, pour tenter de les photographier de plus près, au coeur des noyers, 6 à 8 m environ. Rien de plus simple pour moi ! il suffit de me mettre à l'une de mes fenêtres de toit et le tour est joué, un coup de zoom et hop je suis au milieu des noix. Un petit filet de camouflage, type cheiche, suffira à me dissimuler. Les séances se feront au lever et au coucher du soleil.
Pas si simple non plus pour les saisir en pleine cueillette, ils sont rapides pour décrocher les noix et ils ne sont pas fous ; ils se trouvent une branche confortable, souvent à l'abri des regards, pour casser la croûte ; s'ils ne sont pas tranquilles, parce qu'ils ont vu l'objectif bougé, ils se cachent pour manger et il ne vous reste plus que le son du rongement.
Voici donc le résultat de mes différentes séances avec mes amis les écureuils que je reverrai de temps en temps avant l'hiver, car il reste des noix, mais très peu.
Ce fut une expérience très intéressante ; j'ai appris à connaitre un peu mieux la vie des ces p'tits animaux, vivement l'année prochaine, pour retenter le coup.