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18 May

LA COURSE AUX TETRAS

Publié par Patrick GAULON

LA COURSE AUX TETRAS

Comme chaque année à la même période, fin avril début mai, c'est le même rituel. Deux heures du matin, le réveil vient de me sortir d'un rêve fort plaisant dont j'oublie immédiatement l'histoire. Je quitte, non sans difficulté, la douceur et la chaleur douillette de ma couette, j'avance à tâtons dans le couloir que je connais par cœur, je m'arrête pour écouter, le vent souffle et la pluie est en train de frapper la fenêtre de toit, la tentation est grande de retourner au plus profond de mon lit, mais la météo annonce des éclaircies à partir de 7 heures du matin. Pas une minute à perdre, petit déjeuner copieux, toilette rapide, j'enfile mes vêtements, je lace "mes gôdiots de montagne", un café pour bien démarrer la matinée, qui commence en pleine nuit et qui s'annonce longue, bouclage du sac après avoir remplit mon thermos de thé chaud et c'est parti. Je souffle un bon coup et je ramasse mon sac à dos préparé la veille. Houlà! j'avais oublié qu'il était aussi lourd, vêtements de rechanges, doudoune, duvet, gants, bonnet, boisson pour la monter, petit gâteau ,tente affût, filet de camouflage, trépied, appareil photo et zoom longue focale complètent le sac, c'est au total plus de 17 kilos de matériel qu'il va falloir porter.

 

 

LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS

2 heures 35 la voiture est chargée et c'est partie pour une trentaine de minutes de route jusqu'à mon point de départ, une station de ski Mauriennaise qui a fermée trois semaines plutôt. La pluie s'est arrêtée pendant le trajet, maintenant il neigeote, il est 3 heures et je me gare aux pieds des pistes. Au cœur de la nuit j'arrive à distinguer le ciel, les nuages sont bas, un vent se fait sentir et quelques flocons viennent fondre sur mes joues. Cette fois on ne rigole plus, sac sur le dos, raquettes aux pieds, bâtons serrés dans les mains, lampe frontale vissée sur la tête et c'est partie pour une grimpette de 600 mètres de dénivelé positif par une piste de ski. Une raquette devant l'autre à un rythme soutenu, pas le temps de zigzaguer, je fil droit, le faisceau lumineux de ma lampe n'éclaire pas plus loin qu'une trentaine de mètres, au delà c'est le noir profond, le vent est glacial. Les petits cristaux de neige se mêlent aux gouttes de transpiration, mon bonnet a épongé tous ce qu'il pouvait, maintenant il déverse le trop plein de sueur et de neige fondue sur mon visage. Je sors enfin de ce mur de neige après 35 minutes de montée intense, mais ce n'est pas fini, le reste de la marche, c'est beaucoup plus facile, le pas s'accélère. 15 minutes de monté plus tard il est temps de pauser les raquettes pour une approche plus silencieuse. Il neigeote toujours, quelques congères ralentissent ma progression, je bifurque sur ma droite pour emprunter un petit col, le vent est plus fort qu'à mon départ, la neige me pique le visage et là une pensée! Mon lit bien chaud quitté 2 heures au par avant; je lève la tête pour tenter de voir si je suis sur la bonne trace, je suis trempé, encore un tout petit effort et je suis arrivé.

LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS

Me voici à mon emplacement de la fois précédente, et oui se n'est pas la première fois que je monte, pour être plus précis c'est la troisième, mais cette fois je vais m'avancer d'une cinquantaine de mètres pour être au cœur de l'action qui va se dérouler. La neige et le vent ne vont pas m'aider à monter mon affût, il faut que je me dépêche, je creuse la neige fraîche à l'aide d'une de mes raquettes, il est 4 heures passé et il faut que je sois installé avant leur arrivé. En deux secondes je déplie ma tente-affût, j'ai un peut de mal à piquer les sardines, le vent me gèle les doigts mouillés par la neige, la tente est secouée de gauche à droite, mes mains frottent la neige provoquant quelques coupures sur le dessus des doigts, je me dis que je serai vraiment mieux sous ma couette. Je parviens enfin à fixer mon affût au sol, je jette le filet de camouflage blanc par dessus, je l'attache pour ne pas qu'il s'envol et je cale le tous avec mes raquettes. Je vais pouvoir me mettre à l'abri, je prépare mon trépied, je déplie mon tabouret, je rentre mon sac, pose mon matériel photo dessus et me glisse enfin à l'intérieur. Il est 4 heures 35, j'ôte mes vêtements mouillés pour les remplacer par des secs, j'enfile ma doudoune, je fixe mon matériel photo au trépied et fait sortir mon zoom par l'orifice prévu à cet effet. Je me glisse dans mon duvet et m'installe le plus confortablement possible avec une mousse entre le neige et mes pieds qui m'aideront à lutter contre le froid. Il est temps de se servir un bon thé chaud bien mériter, un ou deux petits biscuits pour l'accompagner, les merles à plastron ont déjà commencer à chanter, ce qui annonce qu'ils ne vont tarder eu aussi à chanter. La vallée brille de mille lumières, les nuages restent bas et le vent souffle toujours.

 

LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS

La nuit s'éclaircie doucement, les "roucoulades" emplissent les lieux, j'écoute, j'essaye de localiser d'où viennent les chants, droit devant une silhouette noire sort d'entre les mélèzes, c'est un tétras lyre qui vient de rejoindre l'arène. Il chuinte, roucoule, fait des vas et viens, des bons en bâtant des ailes, c'est la grande parade, il faut impressionné, mais il faut aussi défendre son rang, il est rejoint par un autre coq, ils se font face, roucoulent, se tournent autour, se défient du regard et c'est le combat, quelques coups de pattes, le concurrent audacieux est remis à sa place sous le regard d'un troisième coq qui lui aussi ne tarde pas à se mettre à l'écart en voyant à qui il avait à faire.

LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS

Le jour c'est levé, le tétras lyre est toujours sur la place et parade de plus en plus, je commence à faire des photos, la lumière est suffisante, déclencheur en mode silencieux car je ne suis qu'à cinq mètres de lui. C'est partie pour une longue séance de prises de vues, c'est un vrai festival; quand à la météo, la neige tombe, le vent souffle toujours, les éclaircies vont avoir du retard mais vont enfin arrivées.

LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS
LA COURSE AUX TETRAS

Il est 10h30, il y a une heure que les coqs ont quittés l'arène, c'est à mon tour, je sors enfin de ma tente affût, le soleil me réchauffe, j'ai les jambes engourdies et les pieds gelés, plus de six heures assis sur mon petit tabouret ont laissé quelques traces. 

Sur le chemin du retour mon regard est attiré par des plumes noires bleutées au sol, se sont celles d'un tétras, il y en a tout autour de moi, je scrute les alentours tel un enquêteur, je cherches des indices pour comprendre se qu'il s'est passé, et s'est en levant les yeux que j'aperçois une multitude de petites plumes blanches enchevêtrées avec les branches de mélèzes, ça ne fait plus aucuns doutes, s'est là haut qu'il s'est fait attraper, sûrement par un rapace. Un coq ne chantera plus.

C'était mon dernier rendez-vous avec les gallinacés pour cette année, ce fût des moments forts et intenses passés au milieux des mélèzes à la limite supérieure de la forêt en compagnie des tétras lyres. 

C'est décidé, l'année prochaine je remonte.

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À propos

Ce blog présente des photographies sur de nombreux thèmes.La nature est le thème de prédilection de Patrick.